"Un sourire SVP !"
La Fondation Abbé Pierre a organisé une exposition de photographies, « Un sourire svp », en collaboration avec les artistes Luigi Li et Little Shao. Manifestation qui s’est tenue au mois de novembre l’année dernière à Paris.
Ces deux artistes sont partis à la rencontre des personnes à la rue, que l’on finit pourtant par ne plus voir, en leur proposant de troquer leurs pancartes contre celles écrites par l’artiste. Des messages imaginés par l’humoriste afin d’attirer l’attention sur ces bouts de carton, mais aussi pour recréer du lien social le temps d’un sourire échangé. Avec son appareil photo, Little Shao a immortalisé ces rencontres.
Le travail de ces deux artistes s’est étalé sur un an. « Nous nous sommes promenés en scooter, en hiver comme en été, et nous sommes allés à la rencontre des personnes à la rue. Pour discuter, pour écrire sur leur pancarte autre chose que ce qu’on y lit toujours. Les gens à la rue sont des gens comme tout le monde, ils ont de l’humour comme nous et en on besoin pour vivre aussi, tout comme nous. Les pancartes que nous avons écrites avec eux leur étaient destinée ; nous arrivions avec des idées mais les cartons étaient vierges. Ensuite, à travers la discussion, à chaud, on cherchait une accroche ensemble. Cela a créé une relation vraiment forte et nous avons vécu des moments très marquants. Quand la personne à la rue tenait sa pancarte en disant : « C’est cool, ça me plaît », on se disait qu’on avait réussi quelque chose.
Le plus important dans cette initiative, ce sont les échanges que l’humour nous a permis d’avoir avec ces personnes que l’on ne voit plus dans la rue ».
Cette exposition ayant rassemblé une quinzaine de clichés sur le thème de la mendicité a mis les pancartes de cartons des sans-abri à l’honneur, sur un ton décalé et plein d’humour.
Notre atelier a décidé d’utiliser comme support d’écriture quelques-unes de ces photographies que nous vous faisons partager.
Dans ce joli quartier, il est là, assis sur son tapis magique, un beau carton qui l’isole un peu du froid, assorti au rideau de soie rouge du magasin.
Un petit coin douillet, à l’abri du vent, un petit coin à lui, un peu moins angoissant.
Ce gentil monsieur souriant, au regard doux et serein, il est libre….
Libre de venir s’asseoir où il veut, quand il peut choisir l’air qu’il respire …
Il a le droit de trouver son petit coin de paradis quotidien et d’en changer tous les jours, s’il le désire !
Le monde lui appartient et il est bien, il ne s’embarrasse plus de rien !
Et puis, « lui au moins il ne nous emmerde pas avec son accordéon ».
Mais cela ne vous dédouane pas, ohhhhhh surement pas !!! de regarder ce si doux regard.
De savoir…. qu’il existe vraiment, cet homme qui a choisi, la liberté.
Vous pouvez lui dire… « Bonjour, merci, au revoir », vous adresser à lui et ne pas passer là, comme si vous deveniez totalement aveugle !
Vous pouvez même lui faire un petit sourire, ce n’est rien et c’est même gratuit …
Vous savez il est là, juste en bas de chez vous !
Sinon vous l’auriez cherché …
Il recommencera à jouer de l’accordéon à tue-tête, toute la nuit et tout le jour pour réchauffer un peu son cœur !!!!
Salut toi
Que de souffrance peut-on lire sur ton visage derrière ton triste sourire.
Ayant perdu ta situation tu te retrouves à la rue
Dans cette froide et hostile solitude
Avec pour seule compagnie la peur et l’angoisse.
La rue ce n’est pas le paradis
Oh non ! pas même le partage des maux.
On vit dans une société formidable. Depuis des décennies, on nous prône le consumérisme, produisant des tonnes de déchets. Puis on a inventé ou mis au goût du jour le mot recyclage.
Mais nous n’avons pas consommé que des matériaux. Nous avons également consommé des gens.
Nous avons consommé l’égalité dans la consommation, les angoisses, les souffrances, les solitudes, les addictions à la consommation de drogues… Et nous avons produit des déchets de consommateurs, pire que la pauvreté, c’est la misère.
C’est pour cela que l’on ne trouve pas de S.D.F. mais des S.D.D.T. (Sans Domicile Du Tout), déchet de la société à côté d’un sac plastique plein de déchets tout court.
« C’est la crise pour tout le monde, .. même pour le Père Noël ». Alors faisons avec le rebut de la société, comme avec les rebuts de la consommation : « Recyclons ! », et au lieu de faire part à un seul, faisons part à dix, pour retrouver le paradis.
Je suis un vrai routard, je connais la France comme « ma poche » la plupart de mes potes de galère aussi.
Me voilà assis sur le parvis de l’église Saint Antoine à Paris, non que je sois croyant, mais j’attends, ma bière à la main, libre dans ma tête, la sortie de la messe.
En un mot, j’espère que les fidèles, bons chrétiens, sauront être généreux. Je partage avec eux mon humour décalé « Un p’tit café en terrasse ? ! J’ai déjà la terrasse, tu me payes le café ? » Ai-je écrit sur mon panneau.
L’homme luttera de plus en plus contre les discriminations quelles qu’elles soient.
Non, je ne veux pas parler de mes souffrances, de ma solitude, cela ne regarde que moi.
Je vis, je respire et j’aspire à un avenir meilleur.
J’y crois, oui j’y crois.
Bienvenue en terre de France,
Libres, égaux en Paradis.
Sauf que quand t’as pas un radis :
T’es seul à vivre la souffrance !
« Un burger King ouvre à Paris :
Je veux goûter le Triple Whopper ».
Mais j’y vais pas car j’ai bien peur
Qu’il n’accepte pas les sans-abri !
Et donc, là, dans ma solitude,
Les mots me peinent, les mots m’angoissent,
- Je respire, mes poumons croassent,
J’ai mal à ma décrépitude !
Peut-être que je suis né dans un conte de fée !
Pourtant, je ne suis pas un Prince. Je n’ai pas eu de marraines ; les fées au-dessus de mon berceau. Mais la baguette que je tiens sur la photo m’aide pour un instant à croire aux contes de fées.
Malgré la main cachée par les pansements, j’aimerai que cette baguette me transporte sur une île où le soleil me changerait la vie.
J’emmènerai mon chien, lui, le compagnon de galère, de solitude où il sera libre de courir sur la plage. Je ne porterai plus de vêtements sales ou déchirés.
Nu ? Pourquoi pas ! Mais je garderai ma chemise rouge.
Je serai au Paradis. Plus d’angoisses car dans la rue où règne la peur, où les passants évitent mon regard, il n’y a pas besoin de mots pour cela.
Je pense au sol où je dors qui serait transformé en sable doux avec derrière moi les palmiers.
Mais aujourd’hui, je tourne la baguette une fois, puis deux « abracadabra ! », je ferme les yeux, je vois la mer, le sable et je suis bien.
Puis à la troisième fois, j’ouvre les yeux !
« Abracadabra… et merde, je suis encore dans la rue ».
Et ma baguette se brisa…
Dommage que la pâtisserie soit fermée, sinon je serai allée demander à ce Monsieur qui, pour « 1 euro peut s’acheter une TV pour regarder Danse avec les Stars », de m’en donner un ou deux afin d’aller m’acheter un bon gâteau.
Mais pas question de partager le gâteau avec lui car je suis trop égoïste.
Moi aussi, je souffre de solitude. Je vis chaque jour dans la peur du lendemain.
Je vais aller respirer hors de la ville à plein poumons afin de réfléchir s’il ne serait pas mieux de trouver quelques mots compatissants afin de réconforter ce Monsieur dans la détresse.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 119 autres membres