Jer'Echos

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Philippe Hafsi… le retraité de l’Estaque.

                         

 

Depuis l’hiver dernier où Philippe était encore à la rue, nous avons appris qu’il vit désormais dans une maison de retraite située à Marseille (L’EHPAD « Les Opalines »).

Nous avons décidé de lui rendre visite afin de savoir comment il va. Lorsque nous sommes arrivés, de nombreux résidents ; plus de femmes que d’hommes. Ils attendent  dans une grande pièce au rez-de-chaussée ; peut-être des visites, alors que d’autres regardent la télé. Philippe, lui, n’est pas avec eux, je ne suis pas surprise.  En fait, il est à l’extérieur, assis sur son fauteuil à côté d’une cage où chante un couple de perruches. Face au jardin, il est là, les jambes croisées, immobile, le regard rêveur.

Lorsqu’il nous aperçoit, un immense sourire illumine son visage.  « Oh c’est toi ma fille ! » Je lui demande aussitôt « Comment vas-tu  Philippe ? » et là, il me répond : « Comme d’habitude !!! » Je lui trouve la mine reposée, amaigri mais plutôt en bonne forme. Me voilà aussi émue que lui, je sens les larmes m’envahir au moment de ces belles retrouvailles.

Je ne peux m’empêcher d’admirer ce magnifique jardin ombragé et fleuri de mille roses. Je lui dis : « Comme tu es bien ici Philippe ! »  Il me répond qu’il y a aussi un poulailler, un clapier, et même un potager et me propose d’aller les visiter. En effet, des coqs, des poules, des lapins et des lapereaux gambadent dans leur enclos. Un vrai petit coin de paradis où la nature et le calme se confondent.

Lorsque je lui demande  s’il est bien ici, il me répond qu’il se sent enfermé, comme dans une prison, entre quatre murs mais qu’il y a au moins le ciel bleu. Philippe se remémore alors l’époque où il vivait avec sa bande de copains : Michel, Pascal, Trinite et Jean-Louis. Je partage sa nostalgie car j’ai moi-même connu cette époque à Jéricho. Il nous dit que là-haut, le bon Dieu ne veut pas de lui, et pourtant, il paierait cher pour rejoindre ses potes. Heureusement, l’humour reprend le dessus et d’un ton ironique,  il nous dit : « Mes potes auraient sûrement peur que je leur vide toutes les bouteilles ! »

 Je lui demande si quelques fois, la maison de retraite organise des sorties. Oui ! Des fois, ils vont se promener mais lorsque Philippe passe devant un bistrot, la subite envie d’un p’tit canon de rouge lui traverse l’esprit. Alors il trouve un prétexte pour  vouloir acheter des cigarettes mais les infirmières lui disent « non non Philippe ! Tu as déjà des cigarettes dans ta poche ! ».

Un résident arrive et semble vouloir faire notre connaissance. « Ah ! Marius, viens t’assoir près de nous ! » Philippe nous présente son copain. Me voilà un peu rassurée car j’avais l’impression que notre Fifi n’avait pas beaucoup de personnes à qui parler ici.

C’est l’heure du goûter, une infirmière lui propose un café et des petits biscuits. A ce moment-là, Philippe sort de sa poche plusieurs petites cuillers. « Mais que fais-tu avec toutes ces cuillers ? » Il nous répond « Je les pique à la fin du repas ! » Et oui ! On n’oublie pas ses vieilles manies comme cela ! Il ne manquait que la bouteille de rouge ! Mais là impossible. Il nous explique qu’il est surveillé comme le lait sur le feu. Même les cigarettes, il doit les fumer discrètement.  Les infirmières préfèrent lui garder son tabac, sûrement de peur qu’il fume dans sa chambre.

Au bout d’une heure, une deuxième visite pour Philippe ! C’est Dominica qui vient le voir régulièrement de Toulon aussi. Une véritable explosion de joie lorsqu’elle arrive, je n’ai jamais vu Philippe aussi heureux !  Deux visites dans une même journée, c’est incroyable !

Elle sort de son sac des photos qu’elle a prises avec lui lors de sa précédente visite.  Il choisit la plus belle où il pose avec Dominica et l’a mettra dans sa chambre. Les autres photos sont pour Gilles Rebèche. Ah Gilles !, il ne l’oublie pas, et nous demande de l’embrasser pour lui.

Il me demande des nouvelles de Jéricho, les anciens comme lui, en reste-t-il ? Je lui parle de Petit Louis que l’on voit quelquefois. Il espère qu’il vienne le voir un jour à Marseille.

Avant de nous quitter, je lui propose une petite séance photos avec nous. Sans hésiter, il se prête au jeu : le voilà qui arrange sa casquette, se recoiffe la barbe d’un geste de la main, prend la pose et nous offre son plus beau sourire.

Entouré de Nathalie et Dominica, Philippe est le plus heureux des hommes ! Un groupe de mamies, assises derrière nous, observe la scène et rend notre Fifi pas peu fier !

 

                         

 

C’est le moment de se dire au revoir. Je promets à  Philippe de venir lui rendre à nouveau visite. D’ailleurs, si vous voulez lui faire plaisir, n’hésitez pas à aller le voir. Il sera très heureux de partager avec vous ses souvenirs et quelques anecdotes qu’il raconte avec beaucoup d’humour.

Merci Philippe de nous avoir fait partager ce p’tit moment avec toi.

 

 Nathalie (22 juin 2013)

 

 

 

 

 

 



23/06/2013
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