Jer'Echos

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Jéricho, accueil de jour historique de Toulon, fête ses 30 ans !

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Nous sommes le mercredi 4 novembre 2015.

C'est sous un ciel gris et pluvieux que les Amis de Jéricho démarrent les festivités.

Très vite, les nuages se dissipent emportant la pluie avec eux. Le soleil fait de timides apparitions et la douceur automnale laisse alors présager une journée à la fois pleine d'émotion et de joie.

Le 30ème anniversaire de Jéricho est inauguré en présence de plusieurs personnalités politiques et religieuses, de nombreux invités, partenaires institutionnels et associatifs, l'équipe de salariés, bénévoles et administrateurs ainsi que tous les accueillis présents. Ce sont plus de 300 personnes venues fêter ces 30 ans de combat contre la misère.

Une fresque murale, peinte par l'artiste Samuel Payet a été dévoilée, représentant une scène au moment d'un repas partagé affichant les valeurs d'accueil, de solidarité, de respect et de la charte du vivre-ensemble.

 

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Cette journée aura également été marquée par la plantation d'un amandier, le premier à fleurir avec l'arrivée du printemps, quand ici, il s'agit de "sortir de l'hiver". Gilles Rebèche se réfère ensuite à la Bible pour associer au jeune arbre la représentation de "celui qui veille", en l'occurrence en ces lieux, à "la dignité, la fraternité et l'espérance" pour tous, dans une société qui se précarise davantage chaque jour.

 

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Une salle de remise en forme (offerte par la fondation Décathlon) est également inaugurée. Bernard Allut, le président de l'association explique que ce n'est pas tout d'accueillir, d'écouter, de rompre la solitude, mais qu'il faut redonner du tonus. Les personnes ont ainsi accès à un accompagnement social et des activités visant à les redynamiser, les mobiliser, créer une vrai vie sociale, cela notamment à travers la pratique sportive.

 

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Cet anniversaire a donné aussi l'occasion de présenter des ateliers tels que l'écriture, le modelage, l'esthétique et de belles expositions photos dans le restaurant social.

 

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Des projets sont également en cours tels que la création d'un potager d'insertion et la mise en place d'une ressourcerie.

 

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Après avoir dégusté un buffet confectionné par les cuisiniers, un magnifique gâteau d'anniversaire est servi aux convives. Un grand merci aussi à l'ESAT "Le Poséidon" pour avoir confectionné un gâteau d'anniversaire avec le logo des Amis de Jéricho.

 

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L'après midi sera consacré à l'insertion et l'accès au logement, par le biais d'échanges entre acteurs impliqués dans le département et des accueillis. 

Tout au long de cette journée, les invités auront pu se régaler de crêpes confectionnées par une équipe de salariés et d'accueillis.

 

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En cette belle journée du 4 novembre 2015, le soleil réchauffe l’air, pendant que la fête se prépare ; l’anniversaire !

Il y a beaucoup de monde, certains passent en vitesse, comme des courants d’air, d’autres restent, apportent leur lumière !

Dans la joie, se créé un vrai rassemblement, sans faire semblant.

Tous différents et pourtant main dans la main, pour une fois, juste profiter, sans penser au lendemain !

Un instant, oublier ; pour passer un bon moment.

Sur ses problèmes, tirer les rideaux, boire un verre et manger du gâteau !

Pense seulement à garder ton chapeau,

De toute façon, demain il fait pas beau …

 

Mélody R.

 


 

A la veille de cet anniversaire des Amis de Jéricho,

30 ans déjà, Bravo ! Chapeaux !

Préparation, décoration de toutes les salles,

Cela reste un moment mémorable, inoubliable !

Demain, rideaux, persiennes,

Ouverture sur le monde et le soleil dans nos cœurs,

Accueillir tout ce monde était pour moi plein de joie !

Même dans le courant d’air, j’aimais avoir l’air,

Après buffet, apéro et restaurant,

Comment ne pas être content !

Après avoir pris le micro pour témoigner,

Je m’en suis régalée et j’ai gagné d’être une étoile,

Dans mon cœur et dans celui des autres.

Rachel Boncoeur

 

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 Journée mémorable pour les 30 ans de Jéricho !

Nous avons eu la visite de nombreuses personnes qui ont pu déguster le délicieux buffet préparé par les cuisiniers.

Ce jour-là j’ai eu l’impression que ma mère était la mascotte !

Les gens étaient curieux, ils ont visité les différents ateliers qui leur étaient présentés.

Quelques témoignages aussi, où chacun a pu s’exprimer, donner son avis et parfois aussi leur mécontentement par rapport à leur droit dans la société.

Merci à tous d’avoir partagé ces bons moments parmi nous.

« Pour que les choses bougent dans le bon sens ! »

 

Philippe Meynard

 

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Il n’est pas facile de souhaiter un bon anniversaire à une structure, alors imaginons que nous donnons vie à cette entité.

Nous l’appellerons « Amis de Jéricho ».

 

Cher Ami,

Tu as 30 ans,

L’âge de raison et du début de la sagesse,

Tu as déjà fait de la belle ouvrage,

Ami ! Ne t’endors pas sur ton inertie,

La société a changé et empirera encore.

Ami ! Soigne ton image, maintien ton effort, ne perd pas de vue, sinon de mémoire, tes résolutions et objectifs affichés aux yeux de tous,

Fait que pour l’avenir des accueillis, Amis, ils aient, sinon de mauvais souvenirs, tout au moins des souvenirs d’espoir.

 

Dominique Remond

 

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Jéricho : un nouveau lieu d'accueil pour les personnes à la rue voyait le jour à Toulon, il y a 30 ans !

Gilles REBECHE, Fondateur de Jéricho, raconte comment cela a pu se faire avec la participation des bénéficiaires. Première vidéo d'un triptyque réalisé à l'occasion des

30 ans de JERICHO.

 

 Jéricho : création avec des personnes à la rue en 1983

 

 

 

Jéricho à Toulon, ce n'est pas "une soupe populaire", c'est un lieu d'accueil ouvert tout au long de l'année. C'est un lieu qui permet de faire des rencontres, de se construire ou de se "re-construire". 

 

Jéricho  lieu de fraternité 2ème volet pour les 30 ans

 

 

 

C'est l'attention aux plus fragiles qui a créé JERICHO et qui continue à créer des liens entre les personnes qui fréquentent ce lieu. 3ème volet du triptyque créé à l'occasion des 30 ans de JERICHO.

 

Jéricho les plus fragiles, experts en humanité

 

 

 Merci à Antoine BOSSEAU pour ces 3 clips vidéos réalisés pour les 30 ans de l'association.


 

Durant cette journée, deux tables rondes ont été animées par Thierry DELAHAYE (Cabinet Panama) dont nous vous proposons quelques points forts sur les différents échanges.

Merci à Aline RACHEBOEUF, (reporter bénévole pour Iota) pour le compte rendu de ces tables rondes.

 

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Première table ronde :

 

« Quelle insertion pour les personnes en situation de précarité ? »

 

« La précarité, dit Rachel, il n’y a que celui qui la vit qui peut en parler ».

L’insertion, c’est la revendication d’une place ENTIERE parmi les autres.

 

 

Paroles des intervenants sur ce sujet :

 

 

Brigitte AMBERT DIT HUET (Directrice de l’insertion au Conseil Départemental du Var) Il faut toujours accompagner l’ensemble de la situation, prendre la personne dans tout ce qu’elle vit. Bien sûr, l’insertion implique toujours un retour à l’emploi, mais il faut plus ou moins de temps pour y parvenir car il faut souvent régler avant d’autres difficultés de la vie de la personne concernée.

 

Christian CHASSERIAUD (sociologue) : L’insertion, c’est une espèce de grande auberge espagnole, il ne peut pas y avoir de modèle tout fait qui nous dise comment sortir des mises à l’écart maintenant si nombreuses dans leur expression. L’insertion, c’est LA SORTIE D’EXCLUSION, c’est arriver à une cohésion sociale idéale qui sera le VIVRE ENSEMBLE AVEC NOS DIFFERENCES, nos parcours très différents. Mais nous ne pouvons ni penser, ni faire quoi que ce soit à la place des personnes exclues : nous devons les aider à retrouver leur propre pouvoir sur leur vie. Il n’y aura jamais de chemin tout tracé pour cela.

 

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Patrick CHASSIGNET (Responsable des réseaux des Boutiques Solidarité et des pensions de familles de la Fondation Abbé Pierre) : Ce qui est maintenant complètement dépassé, c’est la question de l’accès à l’emploi comme numéro 1. Il faut commencer par redonner à chacun des repères et du sens à sa vie. Redonner de l’espoir, et redonner un DEBUT de place à celui qui n’en a plus.

 

Gilles REBECHE (Diacre, sociologue) : Jéricho est une sorte de marche pied … Accueil, Solidarité, Respect… La première condition est la convivialité, la deuxième est l’accès au droit commun : les gens en fin de droit deviennent des gens en fin de devoir. La troisième condition, c’est ETRE RECONNU. Et pour cela, il faut d’abord arriver à se réconcilier avec soi-même.

Ne classons pas les gens par catégories, mais essayons de réaliser une approche globale de la personne. « L’autre » doit avoir le droit à la parole et à l’accès à une certaine « spiritualité ».

 

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Expressions diverses :

 

Rachel BONCOEUR : « Ce qui est moche, c’est qu’on se trouve toujours bloqué à une porte ».

 

Faire le tour des guichets est épuisant.

 

Faire de la prévention sociale, c’est ACCOMPAGNER les personnes AVANT qu’elles ne s’enfoncent complètement. Il y a des concertations à trouver, il y a un besoin urgent de coordination des réseaux sociaux.

 

Il y a également la question du rôle et de la place des travailleurs sociaux devant les nouveaux visages de la pauvreté. Par exemple, il serait utile de changer le style des textes, le langage, simplifier des expressions inintelligibles pour beaucoup.

Avez-vous remarqué que les personnes en difficulté passent leur temps à MARCHER d’un lieu d’accueil à un autre, qu’il soit social ou associatif ?

 

Conclusion :

Apprendre à savoir repérer telle ou telle situation, et ENSEMBLE, faire bouger les murs.

Apprendre à voir au-delà du mur.

Chercher comment dépasser la situation de chacun pour trouver des solutions COLLECTIVES et PARTAGEES.

 

 

Deuxième table ronde : « L’accès au logement des personnes défavorisées »

 

Gilles Ornetti, Rachel Boncoeur, Rémi Ferrière, Alain Moncelet, Adrien De Sousa, André Hamond, Dominique Remond, Philippe Meynard, Daniel Gausselin et William Poli, participants de l’atelier d’écriture de Jéricho démarrent cette deuxième table ronde par la lecture d'un texte écrit en commun qui dénonce les freins à l’accès au logement.

 

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LETTRE A FRANCE

« Accès au logement, trop de verrous …

Si on n’a pas de garant, il est malheureusement difficile de trouver un appartement et si les revenus sont trop faibles par rapport au montant du loyer,  c’est la même chose.

Verrous et barrières vont de pairs.

Trop de contraintes mal fondées. S’il n’y a pas de travail, pas de logement et vice et versa. C’est toujours la bouteille à l’encre.

Pour moi, avoir un logement serait pouvoir vivre ma vie.

Plus de problème pour trouver un appartement et ouvrir la porte.

Pourquoi faut-il tant de temps pour avoir un logement, alors qu’il faut si peu pour débloquer des fonds ?

Et les appartements ? 9 m2 sont considérés comme un logement. Des garages à voitures sont parfois mieux situés, plus beaux et moins chers.

C’est sûr que d’avoir un appartement serait bien plus avantageux qu’une chambre d’hôtel !

Moi, c’est moi, j’ai voulu un logement et les amis de Jéricho me l’ont donné et je les en remercie.

Une personne sur 20 s’est retrouvée un jour sans logement personnel au cours de sa vie.

Mauvaise note pour tous ceux qui nous gouvernent et inventent des lois inacceptables quand on vit dehors.

Il faudrait plus de logements sociaux sur Toulon et si possible descendre dans la rue pour manifester et faire bouger les pouvoirs publics.

Il faudrait en plus des lois pour pouvoir ouvrir des portes !!!

Alors déverrouillez toutes ces portes fermées et laissez chaque personne qui se retrouve sans abri retrouver sa dignité.

Ce qu’il y a d’inadmissible et d’inhumain sur cette terre, c’est le fait de subir toutes formes de discriminations. Que ce soit sur le sexe de la personne, son niveau social ou encore sur ses origines. Il faut respecter l’homme et la femme avec ses qualités et ses défauts, car tout le monde a des droits. Il n’est pas normal que des gens dorment dehors de nos jours. Il faut que l’état tienne ses promesses pour que tout le monde soit bien logé.

Alors, que ce ne soit pas la faute de tout le monde, ni de soi-même. C’est à l’état de changer quelque chose pour que personne ne dorme plus dans la rue ».

 

 

Paroles des intervenants sur ce sujet :

 

Joaquim GONZALEZ (Directeur du département, adjoint de la cohésion sociale du Var) : « Le logement d’abord » est devenu peu à peu « orientation vers le logement ». A un moment donné, ce n’est pas le dispositif qui compte, mais les gens qui sont au-dedans. Or, « T’as besoin d’un logement ? »…  « T’auras un logement quand t’auras du boulot ! » et puis « T’auras du boulot quand t’auras un logement ! ».

 

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Marjolaine DUCROQ (Déléguée régionale FNARS, régions PACA, CORSE, DOM-TOM) :

Le logement d’abord, on y croit encore si on parvient à passer certaines étapes avant d’y arriver. Nous devons changer le regard porté sur les personnes en difficulté. Car avoir un chez-soi est fondamental pour se reconstruire, c’est aussi important que de manger tous les jours.

 

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Fathi BOUAROUA (Directeur de l’agence régionale Fondation Abbé Pierre PACA) :

170 000 familles sont assignées tous les ans devant les tribunaux pour des problèmes avec leur logement (loyers non payés essentiellement). Et le coût de ces procédures est plus élevé que si on laissait les personnes dans leur logement.

D’autre part, les personnes seules n’ont pas de place dans le droit au logement : il n’y a jamais de T1 ou T2 dans les programmes car tout est fait pour servir la politique familiale.

On ne peut imaginer le nombre de personnes ayant des problèmes psychologiques parce qu’ils vivent dehors. Et 30 % de ces pathologies finissent en prison.

La réponse au problème est dans la maison-relais, avec des hôtes : la personne est indépendante dans son logement, mais elle n’est pas seule, ce qui doit faciliter la réadaptation au vivre ensemble.

 

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Jean-Pierre OUVRARD (Administrateur à Logivar) : Chaque cas est particulier et doit être traité comme tel ; là non plus, il n’y a pas de solution toute faite. Il est nécessaire de voir aussi le cas de l’habitat indécent, insalubre. Les services d’hygiène ne viennent plus voir les gens et de ce fait, laissent quantités de logements devenir inhabitables.

Le problème est que la loi est faite pour tout le territoire, alors qu’il faudrait pouvoir l’adapter à toutes les sortes de régions. On ne doit pas « parquer » les gens n’importe où, n’importe comment.

Ce qui est à remarquer, c’est qu’il y a un total déséquilibre entre l’offre et le besoin, et aussi que l’on a de plus en plus de propriétaires « pauvres » à cause des charges qui pèsent sur eux et des loyers impayés. Le droit au recours est devenu une filière : on attend.

 

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Expressions diverses :

 

On devrait pouvoir assurer le maintien dans un logement, mais un logement digne.

Les pratiques des marchands de sommeil sont inadmissibles.

Savoir écouter et entendre, ne pas répondre par des solutions toutes faites, et SURTOUT, se persuader qu’un parcours chaotique ne fait pas forcément un locataire problématique.

Il faut des logements en fonction de ce que gagne le locataire, et non pas en fonction de ce que demande le propriétaire.

 

 

 

 

 

Il y a 30 ans, je n’étais pas là et pourtant, déjà tant de personnes à la rue…

Beaucoup d’entre elles étaient seules et souhaitaient une vie normale.

Moi, il y a 3 ans, les amis de jéricho m’ont aidé. Mais ce qui serait bien, c’est que cela continue avec l’aide de toutes les personnes qui appartiennent au gouvernement et qui dans un élan de générosité pourrait s’arrêter quelques instants sur les lois pour trouver où est la faille.

Je constate que depuis que je suis arrivé à Jéricho, il y a de plus en plus de malheureux. Il faut à tout prix que l’état réagisse pour éviter que la situation empire.

Si seulement vous pouviez nous écouter juste pour une fois. Nous ne sommes pas seulement des hommes, nous avons juste besoin d’aide.

De l’aide, de l’écoute auprès de vous tous.

Nous devons être mains dans la main pour faire bouger les choses, les meilleures possible.

Dans l’écoute, dans l’amour des autres, dans le respect.

Avec des concessions fraternelles et humaines.

Réfléchir sur le monde, sur les hommes et enfin pouvoir respirer au soleil.

Donnons-nous la main pour créer un climat de paix et de solidarité, il est si important de s’unir pour vivre dans un monde meilleur….

 

Texte en commun écrit pour les 30 ans de Jéricho

 



30/11/2015
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