N'est vulgaire que la vulgarité donc...
La journée fut bien remplie pour le capitaine Cromlech. La drague n’avait cessé de creuser le lit du fleuve et avait déchargé des tonnes de vase mêlée aux habituels détritus et merdes que charriait celui-ci dans la formidable benne à ordures que constituait sa marie-salope. Il venait tout juste de rentrer d’une vidange au large.
Ayant bourré sa pipe jusqu’à la gueule, il l’alluma et vérifia une dernière fois les nœuds des amarres attachées aux bittes bordant le quai avant de se saisir de la chatte qui patiemment l’attendait en remuant la queue telle la chienne qu’elle n’était pas !
Il emprunta la petite rue qui grimpe jusqu’en-haut du mamelon verdoyant qui domine le petit port. Arrivé chez lui, il aperçut, dans le jardin, sa femme agenouillée en train de planter oignons et bulbes en entonnant une turlutte endiablée. Manifestement, elle était de bonne humeur ! Quand elle le vit, elle se leva et vint tendrement poser un baiser sur ses lèvres. Il le lui rendit puis passa dans son atelier pour terminer la réparation de sa commode qui branlait.
Il soupa d’un peu de morue séchée et d’une miche de pain aux olives. Après quoi il sirota un pastis tout en suçant un bâton de réglisse. La radio diffusait « La putain » de Serge Reggiani. Il songea rêveusement au braquemart du quatorzième siècle qu’il avait repéré chez un antiquaire la semaine précédente. C’est con ! Se dit-il. Je n’ai pas les moyens de me l’offrir.
M’eussiez-vous crû si je vous avais dit que peu s’en fallut que je pétasse une durit à la simple rédaction de cette narration d’une banalité crasse ?
J’affirme et soutien donc que si vous trouvez quelque chose de vulgaire à ce récit, c’est que vous êtes sacrément dérangé !
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