Jer'Echos

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Hommage aux Morts de la rue et aux Sans-abri

C’est le 21 décembre,  premier jour de l’hiver.

Depuis 1999, à cette même date, des citoyens toulonnais rendent hommage aux sans-abri et aux personnes mortes dans la rue et la solitude.

Cette initiative est née dans le cœur d’hommes ayant connu eux-mêmes la galère et l’extrême pauvreté.

Cette année encore, le collectif « Mort de la Rue » a invité passants, citoyens, associations et gens de la rue à rendre hommage aux défunts connus et inconnus, à celles et ceux morts dans la rue ou des conséquences d’une vie à la rue, aux personnes devant lesquelles on passe sans regarder, aux anonymes, aux inconnu(es) … etc.

L’événement a rassemblé une centaine de personnes pour faire mémoire mais aussi pour interpeller.

 

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Une cérémonie au cours de laquelle prière interreligieuse, chants et lecture de plusieurs intentions ont été échangés sur le parvis de l’Eglise Saint Louis.

 

                           

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Après une marche aux flambeaux sous la pluie, qui nous a rappelé qu’il ne s’agissait pas d’une simple promenade, nous voilà sur le parvis des droits de l’homme symbolisé par la dalle où l’on peut lire «Là où les hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés, s’unir pour les faire respecter est un devoir sacré ». Joseph Wresinski

 

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Cette dalle qui est à la fois un lieu à l’honneur des plus pauvres de tous les temps et de tous les continents, un lieu où est affirmé le refus de l’inacceptable condition faite aux plus pauvres, enfin un lieu de rassemblement et de fraternité où tous peuvent renouveler leur engagement à agir pour que les droits de tout homme soient respectés.

Sur ce parvis, des accueillis ont lu quelques poèmes en hommage à ces 25 personnes décédées cette année.

 

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Parmi elles, Anne 32 ans,  décédée dans son appartement ; Bernard 67 ans, décédé à l’hôpital d’une longue maladie ;  Lionel 52 ans, décédé sur un foyer d’hébergement ; Arnaud 27 ans, décédé dans un squat ; Annie 60 ans, décédée dans un accident…etc.

Autant de prénoms qui nous interpellent et nous rappellent leur présence au sein notamment de l’accueil de jour de Jéricho.

La soirée s’est terminée par un partage convivial d’une soupe chaude et d’un petit buffet dans une ambiance conviviale.

 

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On rappelle que lorsque l’on vit à la rue, on meurt de violence, d’isolement, de maladies mal soignées ou décelées trop tard. C’est tout au long de l’année, chaque jour que les gens meurent dans la rue. Pas plus l’hiver que l’été. L’âge moyen de décès n’est que de 49 ans pour une personne qui vit dans la rue, quand l’espérance de vie s’élève à plus de 80 ans en France.

 

 

Poèmes lus par Henri et Rachel

 

De l’Amour à la Mort

C’est avec tristesse que j’écris ces quelques lignes sur ces hommes et femmes de la rue qui, un jour ont tenté de briser leurs chaines, pour découvrir avec stupeur que leur avenir se conjugue alors avec initiatives sociales, recherche quotidienne d’un refuge et surtout l’envol à tire d’ailes d’une sérénité à tout jamais perdue.
Dans la rue, c’est le froid, la peur, la solitude, quelques lambeaux d’Amour arrachés de ci, de là et le violent revers de toute natalité : la mortalité souvent prématurée et qui renvoie, à ceux qui restent, un goût amer d’impuissance.
Je rends hommage à ces morts de la rue, à ces regards que nous avons tous croisé et qui nous bouleversent à tout jamais.

Michèle

 
 

 

Bonjour à vous tous

Qui êtes bien vivants !

Ce n’est plus notre cas,

Pas de bol !

Pour tous l’année fut dure :

Nous, nous avons tout quitté !

Naufragés des trottoirs,

Nous avons tous péri !

Nos grabats et nos lits,

Nos squats ou nos dortoirs

Sont tous vides de nous.

Et déjà nos places sont reprises !

Car la misère qui brise

Et les dos et les cous

Ne cesse de réduire

A rien des millions d’hommes.

En chaîne, elle les dégomme,

Et nul ne peut la fuir !

 

 Vous êtes ici pour nous

Semble-t-il,

Paraît-il ?

Aussi, merci à vous !

Mais, n’est-ce pas un peu tard

Puisque nous sommes partis ?

Et un rassemblement à Bruxelles ou Paris

Ou, ici, dans le Var

Rachèterait-il tout ?

 

 Ca, je n’en suis pas sûr !

Car je sais que demain,

Parmi vous, c’est certain,

D’autres passeront le mur,

D’autres mourront sous l’azur

De ce ciel enchanté.

Certains, même, vont crever

Comme des chiens, je vous l’assure !

 

 Aussi, je vous demande,

Oh, non pas de pleurer,

Mais juste de prier,

De vous mettre à l’amende

De l’Humanité.

Simplement d’être humains

Et de nous regarder

Comme dans le miroir

Où vous vous admirez

Le matin et le soir !

Je vous demande juste

De nous voir

Avant que nous partions,

Car après, c’est trop tard !

 

Henri

 

 

 

 

Mon corps

 

Mon corps s’est trouvé seul et abandonné et encore seul dans mes souvenirs.
J’avais cette rage d’être incompris, encore combien de morts dans la rue ?
Quelle naïveté !
Mais il y a aussi de bonnes rencontres et d’amitiés.
Espérons plus de tristesse, plus de faiblesse.
Envie de lumière.
Alors bougeons-nous !
Bougez-vous !

Rachel

 

 

 

 

 

 

 



31/12/2013
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